Après une nuit à l'abri dans un vrai port de plaisance, nous sortons du port et entrons directement dans l'écluse de Kattendijk, direction l'Escaut...
... jusqu'à l'écluse de Wintam, pour prendre le canal maritime de Bruxelles à l'Escaut ou canal de Willebroek. Nous empruntons ensuite l'écluse de Zemst, direction Vilvorde, puis le canal Bruxelles-Charleroi par les écluses de Molenbeek, d'Anderlecht, Ruisbroek, Beersel et enfin de Halle pour passer la nuit.
Départ de Hal, écluse de Lembeek vers le plan incliné de Ronquières. Nous passons vers Seneffe, continuons par le canal du centre direction l'ascenseur de Strépy-Thieu ,puis vers Havré pour la nuit à Obourg-Wartons
Jour 3 : Anvers - Halle (64 km)
Nous étions attendus à 8 heures à la Capitainerie d'Anvers pour régler notre nuit à Anvers. L'éclusier nous a bien fait rire en nous disant qu'il acceptait de parler français que parce qu'on payait ! Et on l'a bien compris par la suite : toute la partie flamande a été compliquée à naviguer. Les éclusiers renâclaient de nous répondre à la VHF, alors qu'ils épiloguaient en flamand la seconde d'avant...
Nous quittons donc le Willemdok direction l'Escaut en passant de nouveau par le Londonbrug – qui, contrairement aux ponts qu'on a passé jusque-là, a des horaires fixes d'ouverture – et par l'écluse qui dessert l'Escaut. La vue en sortant d'Anvers est plus plaisante qu'en y rentrant et nous en profitons bien en se laissant pousser jusqu'à 16 km/h par la marée montante.
En photos : le Londonbrug et ses beaux bateaux anciens, puis vue d'Anvers depuis l'Escaut.
Des ponts et des écluses...
Afin de pouvoir rejoindre Bruxelles, nous avons quitté l'Escaut au niveau de l'écluse de Wintam. Nous étions deux dans l'écluse : le bateau devant nous faisait 131 mètres !
Encore une journée sous la pluie, on a aperçu un rayon au milieu de l'après-midi et subi la grêle à la dernière écluse.
Le trajet n'était pas toujours pas de tout repos car nous avions un certain nombre d'écluses à passer afin de pouvoir atteindre notre arrivée du jour : Halle. Nous sommes donc passés de la Flandre (canal de Willebroek) aux communes néerlandophones de Bruxelles (canal de Bruxelles à partir de Schaerbeek, puis Bruxelles-Charleroi à partir de Molenbeek) à la Flandre de nouveau, que nous quittons demain. Pour information, afin de naviguer sur les eaux flamandes, il est obligatoire de payer un permis (en ligne) fluvial, alors qu'il n'y en a pas en Wallonie ou à Bruxelles. Sans permis, pas de passage d'écluses ! Et heureusement que nous l'avons fait, nous avons eu droit à un contrôle
En tout, nous avons passé pas moins de 9 écluses et 5 ponts levés :
Ecluses : Sasdok (Anvers), Wintam, Bosbeek, Zemst, Molenbeek, Anderlecht, Ruisbroek, Lot, Halle.
Ponts : Londonbrug (Anvers), Pont de Willebroek, Pont Humbeek Sas, Pont brûlé, Pont de Buda, Pont des Hospices.
Anecdote : l'écluse de Zemst est certainement la plus massive qu'on ait eu à passer aujourd'hui et, bien qu'ils nous aient annoncé attendre quelqu'un, ne l'ont ouverte rien que pour nous.
Nous faisions pâle figure face aux 205 mètres de longueur de cette écluse qui peut déplacer environ 46 000 mètres cube !
Bruxelles se reflète bien à travers ses canaux.
C'est décoré de chaque côté et ça rend le trajet plus agréable, car la météo ne fait rien pour nous réjouir !
Après Bruxelles, nous avons encore enquillé quelques écluses.
Il n'était pas possible de s'arrêter dans Bruxelles, nous devions donc choisir entre s'arrêter avant au niveau de Laeken ou après Bruxelles, et le premier duc-d'Albe était à Halle. Autant le trajet était éclairé jusque-là, autant entre chaque écluse, c'était nuit noire.
On a profité d'un Delhaize en bord de canal pour
faire le plein de courses, sinon on restait aux pâtes au beurre jusqu'à la France.
Point culture : un duc-d’Albe consiste en des pilotis ancrés dans le fond des bassins ou des chenaux, sur lequel un navire peut s’amarrer ou s’appuyer, en bief, aux abords d’une écluse, dans les darses d’un port de mer.
Jour 4 : Halle - Baudour (59 km)
Enfin une bonne nuit de sommeil !
Nous sommes partis un peu plus tard que d'habitude pour entamer cette journée sereinement.
Et ça a payé ! Quelle belle journée
Elle a été très calme car nous sommes passés par des énormes œuvres du canal Bruxelles-Charleroi.
On en a profité à fond parce que c'était magnifique.
Même si on se demandait si la météo ne nous narguait pas parce qu'il commençait à pleuvoir (et surtout neiger) à chaque amarrage
plein bleu le restant du temps !
Les posts suivants seront donc remplis d'anecdotes sur ces ouvrages extraordinaires.
Après Halle, nous sommes rapidement arrivés à l'écluse d'Ittre.
(Instant Wikipédia)
L'écluse d'Ittre est la plus haute du canal Charleroi - Bruxelles. Elle rachète une dénivellation de 13,30 mètres. Elle a été construite lors de la transformation du canal en 1968. Longtemps, ce fut la plus haute écluse de Belgique, mais celle de Lanaye, à la frontière néerlandaise, l’a dépassée en 2015 de… douze centimètres.
Il est à remarquer que, lors d'un éclusage, une quantité très importante d'eau passe du bief amont vers le sas, puis du sas vers le bief aval. La quantité d'eau est calculée en multipliant la surface du sas par la hauteur de la chute, soit 90 x 12 x 13,30 = 14 364 m³. Ces mouvements provoquent d'abord un abaissement du niveau amont lors du remplissage du sas, puis un relèvement du niveau aval lors de la vidange du sas. Pour atténuer les variations de niveau d'eau et les ondes consécutives au sassement, des élargissements du bief ont été réalisés à l'amont et à l'aval de l'écluse.
Quel bonheur que ce plan incliné ! Nous avions visité le musée il y a quelques années et il nous avait beaucoup plu et ému. Le fait de pouvoir l'emprunter aujourd'hui en tant que bateau, ... Quel régal.
Et le soleil qui pointe le bout de son nez. C'était parfait !
Le Plan incliné de Ronquières, qui s'étend sur 1500 mètres, est unique en son genre et permet de compenser une dénivellation de 70 mètres.
Situé sur le parcours du canal Charleroi-Bruxelles, il permet de faire glisser un bac contenant une ou plusieurs péniches en vue de leur faire franchir un dénivelé important. Le plan incliné a été mis en service en 1968.
Actuellement, un seul des deux bacs est en fonctionnement. Nous avons eu énormément de chance car nous y sommes rentrés très rapidement. Un flamand était déjà dedans et nous a fait la conversation pendant une partie de la montée, c'était comique !
Après Ronquières, nous nous sommes engagés sur le Pont-Canal de Ronquières, puis par l'embranchement de Seneffe sur le Pont-Canal de Sart. 7 km après le plan incliné, nous découvrons le dernier ouvrage de ce trajet : l'Ascenseur de Strépy-Thieu. Encore une fois, quel bonheur, ...
Nous l'avions également visité et l'intérieur est absolument à voir. C'est d'une complexité !
Le soleil nous a permis de profiter pleinement et de faire de belles photos - en tout cas, moins grises que les précédentes.
Strépy-Thieu a également un rôle de poste-frontière, on nous a donc contrôlé les papiers de la Stregatta. Cela a été l'occasion de discuter avec le personnel sur place. L'ascenseur est en service jusqu'à 21 heures et les vues de nuit doivent être magnifiques !
L’ascenseur de Strépy-Thieu est un ascenseur à bateaux double.
Commencé en 1982 et inauguré en 2002, il permet, grâce à ses deux bacs indépendants, le franchissement d'une dénivellation de 73,15 mètres entre le bassin de l'Escaut et un bief de partage (d'une altitude de 121,10 mètres). L’ascenseur remplace désormais six ouvrages, les quatre ascenseurs à bateaux du Canal du Centre et deux écluses.
Il a été jusqu'au 18 septembre 2016 le plus grand ascenseur à bateaux du monde, date à laquelle un ascenseur chinois a été inauguré.
Les deux premières photos montrent l'ascenseur n°4 de l'ancien canal, aujourd'hui remplacé par l'ascenseur de Strépy-Thieu. Après celui-ci, nous sommes encore passés par deux écluses avant d'entamer un bief de 40 km : Havré et Obourg-Wartons (photo n° 3). Un bief est une portion d'un cours d'eau ou d'un canal entre deux chutes, deux écluses.
Le temps était idéal pour prendre quelques photos en soleil couchant. Les dernières montrent le Grand Large, qui est une étendue d'eau au large de Mons. Il s'agit de la dernière grande ville belge que nous croiserons sur notre trajet. Nous nous attendions à voir beaucoup de bateaux, ce sont plutôt des oiseaux qui s'y trouvaient !
Nous avons continué un peu avant de stopper net pour la nuit : il n'y a plus un seul éclairage passé Mons.
Départ à 8 h 15, nous avons 3 heures de route pour l'écluse de Maubray. Nous nous dirigeons ensuite vers Péronnes-lez-Antoing, toujours en Wallonie. Le marché du soutage fluvial est plus réduit et est détenu par un acteur principal : Neptunia. Gasoil, eau, quelques courses au Aldi, et direction la France.
Jour 5 : Fin de la Belgique
La journée du 3 décembre est passée en un éclair ! Comme nous étions sur un bief long, nous avons pu en profiter pour se reposer un peu, notamment Pascal et René à tour de rôle à la navigation. Nous savions que nous allions avoir beaucoup d'écluses dans les jours qui suivent. Laury a profité des belles lumières pour faire des réglages d'appareil photo. Il y a encore du travail !
Après le bief, nous enchaînons deux écluses, celle de Maubray et celle de Péronnes, pour rejoindre plus haut sur l'Escaut le magasin Neptunia. Cela nous permet de faire un plein de diesel et d'eau, car par la suite, on ne va pas en croiser souvent ! On profite également pour faire des courses complémentaires, de quoi tenir une semaine au cas où.
Après nos affaires au Neptunia, nous avons repris l'Escaut direction la frontière française, que nous avons traversée vers 14h20.
Etant donné qu'on nous avait prévenu que le Canal du Nord allait être compliqué, nous avons voulu pousser un maximum pour prendre de l'avance. On a eu de la chance de trouver des bateaux plus grands pour partager les écluses : le Daru et l'Apollo. Comme ils éclairent bien, ils nous permettent de continuer longtemps le soir et gagner autant de temps que possible.
On a pu s'amarrer à eux en couple pour la nuit, ce qui nous confère une certaine protection.
Pascal a profité des moments calmes pour passer un coup sur le pont.
L'écluse de Péronnes (Belgique) et les anciens fours à chaux !
[Anecdote : Le four à chaux Ste Barbe a été construit en 1859 sur la rive droite de l’Escaut à Antoing (Belgique). Lorsque l’on parvient devant ces anciens fours à chaux, on a l’impression de se tenir devant un monumental château de pierre blanches. Ils ne ressemblent pas du tout à l’idée que l’on se fait d’un ancien bâtiment industriel…
Au milieu du 19ème siècle, l’exploitation de la chaux était si conséquente dans la région de Tournai qu’elle était surnommée le “pays blanc”. Tournai était même le centre le plus important au monde de fabrication de chaux hydraulique grâce aux nombreuses carrières de calcaire à ciel ouvert situées aux alentours.
La chaux vive s’obtenait par "calcination" du calcaire. Du haut des cheminées (qui mesurent 9 mètres de haut), on déversait du calcaire et du charbon que l’on cuisait à 900 °C, en continu. On récupérait la chaux ainsi obtenue en bas du four, on l’immergeait et la laissait refroidir avant d’en remplir des tonneaux qui partaient sur les péniches, le long de l’Escaut.
La chaux était à l’époque utilisée dans le bâtiment pour la confection d’enduits et de mortiers.
Celle de Tournai a ainsi servi pour créer les quais de Boston aux États-Unis !]
Après la frontière française, nous avons enchaîné toutes les heures avec des écluses : Fresnes-sur-l'Escaut, Bruay, Folien (Valenciennes) et Trith-Saint-Léger. On peut voir sur la dernière photo les deux bateaux qui nous accompagneront encore pendant un moment...